Volume 18

  • La coopération entre les chercheurs de l’hémisphère Nord et ceux de l’hémisphère Sud est essentielle pour la production de nouvelles connaissances visant à influencer les pratiques de développement. Or, le processus selon lequel sont établis les ordres du jour constitue un gigantesque obstacle dans de nombreux partenariats de recherche en matière de développement. La première section de cet article examine la manière dont les stratégies des bailleurs de fonds bilatéraux affectent les processus collaboratifs d’établissement des ordres du jour. La deuxième section traite des motivations des chercheurs au moment de s’engager dans des partenariats Nord-Sud, des obstacles auxquels se heurtent les chercheurs du Sud dans le cadre des processus d’établissement des ordres du jour et des stratégies qu’ils mettent en oeuvre pour veiller à ce que les partenariats de recherche répondent à leurs préoccupations. Cette analyse suggère que, bien que ce soient les organisations robustes de recherche du Sud qui soient les mieux placées pour maximiser les avantages de la collaboration, tant les bailleurs de fonds que les chercheurs feraient bien de reconnaître les limites de cette approche et de l’utiliser avec prudence, car les partenariats Nord-Sud ne constituent pas forcément la meilleure manière de donner suite aux ordres du jour de recherche fondés sur les priorités des pays du Sud.
  • La recherche dans le secteur du développement a réagi à un certain nombre de changements au cours des quelques dernières décennies. Par exemple, lorsque la recherche traditionnelle a été accusée d’être directive, la réponse a pris la forme de la recherche participative, reliant les “récepteurs” aux “générateurs” de la recherche. Lorsqu’il a été reconnu que les processus participatifs ne donnaient lieu qu’à des résultats limités, l’ordre du jour impulsé par la demande est né. Maintenant que la recherche a été accusée de ne pas donner les résultats escomptés, c’est le modèle “connecté”, qui relie la recherche au secteur privé, qui est devenu populaire. Cependant, en utilisant des exemples issus de la recherche dans le secteur de la santé animale, cet article montre que toutes les approches mentionnées dans ce qui précède comportent des contraintes importantes au moment de générer des résultats permettant d’aborder les problèmes à dimensions multiples qui affectent les pauvres. Cet article décrit dans ses grands traits une nouvelle approche de la recherche, le “modèle de la mosaïque”. En combinant différentes formes de savoir, et en se concentrant sur les lacunes en présence, ce modèle vise à jeter un pont entre les conclusions fondamentales et appliquées afin d’améliorer l’efficacité et la valeur des recherches passées, en cours et à venir. Médiateurs ou partenaires
  • “Partenariat” est devenu un mot clé dans le jargon du développement international. Cet article présente les résultats de recherches sur les manières dont les travailleurs d’ONG cambodgiennes et philippines voient leurs relations avec les bailleurs de fonds. Les praticiens ont en général exprimé le point de vue suivant : leurs relations avec les bailleurs de fonds ne correspondent pas à la rhétorique de partage des pouvoirs et de collaboration qui accompagne souvent les discussions concernant les partenariats, ce qui confirme de manière générale les écrits négatifs sur les partenariats. Malgré cela, les praticiens se sont dits désireux de poursuivre les relations collaboratives avec les organisations du Nord, mais dans l’idéal en se concentrant davantage sur le contexte local et sur les relations personnelles. Les praticiens sont d’avis qu’une partie importante de leur rôle consiste en une action de médiation du développement afin de le rendre plus pertinent et plus à même de satisfaire les besoins.
  • En adoptant comme point de départ une analyse de l’injustice sociale et environnementale, l’auteur soutient que le concept de racisme environnemental fait partie intégrante du modèle hégémonique du développement capitaliste. Elle révèle comment les méga-conglomérats financiers, avec l’aide des médias, exploitent ces préjugés et met en relief l’importance du racisme environnemental dans la lutte en vue de surmonter les inégalités, de valoriser l’importance de la diversité et d’établir la pleine citoyenneté pour tous.
  • L’auteur de cet article soutient que la pratique de l’atténuation de la pauvreté est gravement limitée par une vision de la pauvreté qui ne prend en compte ni les causes propres au contexte local des barrières qui entravent le bien-être humain ni les solutions à ces barrières. Cette vision problématique de la pauvreté prend une forme réelle dans des éléments comme les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté et constitue une raison clé qui explique que ces initiatives-là – entre autres initiatives contemporaines – d’atténuation de la pauvreté ne donnent pas de résultats considérablement meilleurs que ceux obtenus au moyen d’efforts antérieurs. Toutefois, en recadrant notre compréhension des défis pour le bien-être humain de manière à passer de la pauvreté aux “pauvretés”, nous pourrions envisager une nouvelle approche de l’élaboration des politiques générales concernant la pauvreté qui nous mène vers un développement vraiment durable.
  • Les droits de l’homme se confrontent actuellement à un paradoxe : la coexistence de défis profonds dans un territoire familier (les libertés civiles) et de l’expansion dans de nouveaux domaines. Les approches basées sur les droits (ABD) font partie de ce courant expansionniste. L’auteur de cet article soutient qu’il est possible de revendiquer quatre sortes de valeur ajoutée. En premier lieu, la valeur ajoutée peut être recherchée au travers d’utilisations directes, indirectes et stratégiques de la loi. En deuxième lieu, en recentrant l’État et en (re)posant la question de son rôle approprié dans le développement (prestations, supervision) et en établissant un dialogue stratégique avec l’État, on ajoute également de la valeur. En troisième lieu, les ABD ajoutent de la valeur en demandant des comptes à l’État, en renforçant les capacités des titulaires de droits et des détenteurs de devoirs, et en encourageant une nouvelle sorte d’appropriation des droits de l’homme parmi les ONG. En quatrième lieu, cet article examine les affirmations selon lesquelles les ABD re-politisent le développement, en le redéfinissant comme un processus basé sur des droits et non la bienfaisance, en se réappropriant ou en re-politisant les termes clés (relatifs au processus) du développement, en abordant les causes fondamentales et structurelles, et non les symptômes, de la pauvreté et du conflit et en disant la vérité aux pouvoirs en place. Toutefois, ces contributions ne sont pas toutes propres aux ABD et, quoi qu’il en soit, il reste à voir si les ABD donneront lieu aux résultats escomptés.
  • Le comportement des ONG internationales (ONGI) continue d’entraver l’efficacité de l’aide. Les raisons de cet état de fait sont identifiées. Six prescriptions sont proposées qui, si elles étaient adoptées par les ONGI, réduiraient les effets négatifs qu’elles causent.
  • Au cours des 10 à 15 dernières années, on a assisté à une expansion de l’intérêt suscité par le sujet des Études du développement (ED). Il y a à présent des formations beaucoup plus nombreuses portant sur les ED et les fonds de recherche dans ce domaine sont en plein essor. Cependant, au cours de la même période, les ED ont fait l’objet de critiques soutenues concernant leur nature essentielle, ce qui nous a incités à poser les questions suivantes : en quoi consistent les Études du développement ? Et en quoi pourraient-elles ou devraient-elles consister ?
  • Ce bref article met en relief certaines des principales contributions apportées par l’ONU à la réflexion et à la pratique dans le domaine du développement entre 1945 et 2000. Le terme “développement” est employé ici de manière générale pour désigner non seulement les augmentations de la croissance économique et des revenus par tête et les changements structurels, mais aussi les progrès réalisés sur les plans de la promotion des droits de l’homme, de la réduction de la pauvreté, de la création d’emplois, de la distribution plus juste des avantages de la croissance, de la participation à la prise de décisions à différents niveaux, de l’égalité entre les hommes et les femmes, du développement et du bien-être des enfants et de la justice sociale et de la protection de l’environnement. Il y a tout d’abord une discussion sur les valeurs qui ont étayé les travaux des Nations Unies dans le domaine du développement. Vient ensuite un résumé de certaines des contributions clés apportées par le système onusien à la réflexion sur les questions de développement. L’article se conclut par quelques observations sur les manières dont ces contributions ont été apportées et sur les points forts et les points faibles du système au moment de générer des idées et des actions dans le domaine du développement.
  • La qualité des travaux des ONG dépend énormément de la qualité de la réflexion et de l’analyse critiques de la pauvreté à tous les niveaux de leur personnel. La qualité des travaux menés sur le terrain – aux niveaux des partenaires et des communautés – dépend tout particulièrement de la compréhension des processus de développement et de compétences robustes de facilitation, deux aspects qui eux-mêmes dépendent de niveaux solides de réflexion critique. Bien que presque tout le monde possède naturellement ces compétences, l’apprentissage par coeur pratiqué par les systèmes d’éducation et les structures de pouvoir patriarcales et directives en minent souvent le développement. Cet article suggère quelques manières pratiques pour les agences de développement de développer une réflexion analytique robuste et des compétences solides de facilitation parmi les membres de leur personnel. Bien que cet article soit principalement destiné aux membres du personnel de la “ligne de front”, il sous-entend que ces mécanismes sont requis à tous les niveaux si l’on veut que les organisations développent leurs propres capacités
  • Les vastes ressources naturelles forestières de l’Inde, y compris les produits forestiers non ligneux (PFNL) comme les plantes médicinales et aromatiques, les animaux et les produits animaux, les bambous, les cannes et les minéraux, fournissent des emplois qui représentent jusqu’à la moitié des revenus d’environ 25 pour cent de la population active rurale du pays. Cependant, les pratiques médiocres de collecte et la surexploitation causée par la demande croissante du marché menacent la durabilité de ces ressources et par conséquent les moyens de subsistance des communautés tribales qui dépendent de la forêt. Cet article analyse l’état des PFNL et les initiatives récentes conçues pour améliorer leur conservation et leur gestion durable, et recommande des politiques générales pour optimiser le potentiel des PFNL, tant pour soutenir les moyens de subsistance locaux que pour contribuer au bien-être social, économique et environnemental de l’Inde.
  • Une grande quantité de recherches et de discours ont porté sur les impacts de la libéralisation des échanges commerciaux internationaux au niveau des pays, mais on n’en sait guère sur ses impacts sociaux et environnementaux au niveau local. Comme les moyennes nationales peuvent masquer l’existence de gagnants et de perdants, les études au niveau national peuvent ne pas aiguiller correctement les efforts en vue d’aborder la situation des pauvres en milieu rural et l’environnement, thèmes centraux de l’ordre du jour du mouvement social et pour la conservation. Cet article compare le débat sur la libéralisation des échanges commerciaux internationaux aux conclusions d’études de cas locales en milieu rural réalisées dans sept pays, coordonnées par le WWF et la Banque mondiale de 2004 à 2006, et traite des actions que le mouvement social et pour la conservation pourrait entreprendre afin d’améliorer la discussion sur la libéralisation des échanges, l’atténuation de la pauvreté et la conservation environnementale, ainsi que la pratique dans ces domaines.
  • In English only
  • pp 658-669
  • Cette étude de cas du district de Búzi, au Mozambique, a examiné la question de savoir si l’égalité entre les sexes, en termes de participation des hommes et des femmes aux groupes, aboutit à l’équité entre les sexes dans le partage des avantages découlant du capital social créé grâce au groupe. En examinant la connexion complexe entre le genre, les groupes et le capital social, nous avons constaté que l’équité entre les sexes n’est pas forcément obtenue en garantissant aux hommes et aux femmes des droits égaux au moyen d’arrêtés municipaux établis, ni en traitant avec le groupe comme une entité collective. Bien qu’il n’y ait pas de différences significatives dans les schémas d’investissement des hommes et des femmes en termes de participation aux activités de groupes et de contribution aux travaux communautaires, l’accès aux positions de leadership et les avantages découlant du capital social étaient distribués de manière inégale. Par rapport aux hommes, les femmes avaient du mal à transformer des relations sociales en un accès amélioré à l’information, en accès aux marchés ou en aide en cas de besoin. pp 650-657
  • Les projets du Centre international pour l’amélioration du blé et du maïs (CIMMYT) sur les technologies de conservation des nouvelles ressources (TCR) dans les plaines indo-gangétiques du Népal visaient à renforcer l’équité de l’accès, la réduction de la pauvreté et l’orientation sur le genre des processus de mécanisation actuels en milieu rural – et plus précisément à promouvoir la conservation des ressources basée sur les machines et les technologies visant à réduire le travail pénible parmi les petits agriculteurs. Ces projets, conjointement à d’autres projets et acteurs, ont donné lieu à un projet informel “de coalition” qui utilisait des approches de développement des technologies participatives (DTP), et où les agriculteurs, les ingénieurs, les scientifiques et d’autres partenaires œuvraient pour l’accès équitable à de nouvelles TCR. Cette expérience a montré que les projets de DTP doivent être souples et utiliser des approches d’apprentissage et de changement. Mais que faire une fois que l’adoption a lieu et porte ses fruits ? Ces projets doivent veiller à ce que tout le monde en profite en termes d’inclusion et d’équité sociales ; pour ce faire, il faudra peut-être entreprendre de nouveaux travaux imprévus. pp 643-649
  • Les évaluations faisant intervenir les parties prenantes englobent la participation collaborative, l’évaluation du développement et l’évaluation de l’autonomisation – qui se distinguent par le degré et la profondeur de la participation au processus d’évaluation des parties prenantes ou des participants au programme. Dans le cadre du processus de suivi et d’évaluation communautaires participatifs (S&EP) les communautés conviennent des objectifs de programme et développent des indicateurs locaux permettant de suivre et d’évaluer les changements. Le S&EP n’est pas dénué de limites, notamment le fait que les indicateurs communautaires sont extrêmement précis et localisés, ce qui limite l’application large d’indicateurs communautaires communs pour l’évaluation de programmes qui englobent plusieurs espaces sociaux et géographiques. Nous avons mis au point des indicateurs communautaires avec six communautés agricoles au Malawi afin d’évaluer un projet de développement communautaire. Pour appliquer les indicateurs aux six communautés, nous les avons rassemblés et avons employé une échelle et des notations de Likert pour évaluer la perception des communautés de la mesure dans laquelle le projet avait atteint ses objectifs. Nous avons analysé les données en utilisant une comparaison des moyens afin de comparer les indicateurs entre les communautés et les sexes. pp 633-642
  • La pauvreté rurale est déjà endémique dans la région andine et les programmes d’ajustement structurel ont abouti au démembrement des services de recherche et de vulgarisation agricoles de telle sorte qu’ils ne sont pas en mesure de pourvoir aux besoins des petits agriculteurs. L’ONG Practical Action travaille dans les Andes pour tenter de satisfaire les besoins vétérinaires et agricoles des paysans. Ce travail a englobé la formation d’agents de vulgarisation entre agriculteurs, connus localement sous le nom de kamayoqs. Les kamayoqs ont encouragé la recherche participative parmi les agriculteurs. Les agriculteurs locaux les rémunèrent, en argent ou en nature, pour leurs services vétérinaires et leurs conseils agricoles. Le modèle des kamayoqs est essentiellement une approche non subventionnée de la prestation de services techniques appropriés et de l’encouragement de la participation des agriculteurs. Ce modèle illustre en outre que, dans le contexte de l’encouragement de la participation et de l’innovation parmi les agriculteurs, les ONG ont des avantages par rapport aux organisations de recherche du fait de leur présence à long terme, de leur aptitude à établir une relation de confiance avec les agriculteurs locaux et de l’accent qu’elles portent sur les processus sociaux et communautaires. pp 627-632
  • PETRRA était un projet de recherche-gestion agricole qui a employé une approche basée sur les valeurs dans la conception, la planification et la mise en œuvre des projets. Au moyen d’un processus d’apprentissage expérientiel, des instituts de recherche et développement (R&D) agricoles, des ONG, des agences privées et des organisations communautaires ont redécouvert et amélioré la compréhension de leurs points forts respectifs pour ce qui est de la satisfaction des engagements de développement. Ce projet a réussi à montrer comment la recherche basée sur des valeurs peut être mise en œuvre de manière fructueuse et comment un impact pro-pauvres durable peut être obtenu. pp 619-626
  • Ce sont les femmes qui jouent le rôle le plus important dans l’approvisionnement en nourriture dans les pays en développement, mais leur aptitude à alimenter correctement leurs familles respectives est trop souvent compromise ; le résultat est un niveau élevé de maladies à vecteur alimentaire et, par conséquent, l’accès limité à des marchés de valeur supérieure. Nous soutenons que les approches basées sur les risques – meilleures pratiques actuelles pour la gestion de l’innocuité des produits alimentaires dans les pays développés – ont besoin d’être adaptées au contexte difficile des marchés informels. Nous suggérons la recherche participative et l’analyse du genre comme mécanismes transfrontaliers, permettant de rassembler les communautés et les entités chargées de mettre en œuvre les mesures d’innocuité des produits alimentaires pour qu’elle analysent ensemble les problèmes relatifs à celle-ci et élaborent des solutions viables. Il y a des exemples qui montrent comment ces méthodologies peuvent contribuer à l’opérationnalisation des approches basées sur les risques dans les contextes urbains et au développement d’une nouvelle approche de l’évaluation et de la gestion de l’innocuité des produits alimentaires dans les pays pauvres, que nous appelons “analyse participative des risques”. pp 611-618
  • Les véritables experts en matière de pauvreté sont les pauvres, mais l’incidence et les tendances de la pauvreté sont en général mesurées à l’aide d’indicateurs économiques officiels dont les chercheurs supposent qu’ils sont pertinents. Les ménages pauvres eux-mêmes font la distinction entre les revenus de subsistance et les revenus monétaires. Dans un exercice d’“auto-évaluation de la pauvreté”, des villageois pauvres en Chine rurale ont précisé et pondéré des indicateurs clés de pauvreté. Huit indicateurs clés décrivant trois types de pauvreté de base ont été isolés et utilisés pour formuler un indice participatif de pauvreté (IPP), dont les éléments donnent une idée des causes centrales de la pauvreté. De plus, l’IPP permet de procéder à une comparaison directe de l’incidence de la pauvreté entre les villages – malgré les différences de caractéristiques sociales, culturelles et environnementales entre les villages. Par conséquent, l’IPP constitue une méthode objective pour mener un suivi de la pauvreté indépendamment des caractéristiques physiques et sociales. Cet article donne une brève description de l’IPP et des données requises pour formuler un IPP propre à un village. pp 599-610
  • Cette étude a évalué la mesure dans laquelle le CIMMYT a eu recours à des méthodes participatives et la manière dont elles ont été perçues par les scientifiques. Les résultats suggèrent que les approches participatives au sein du centre étaient largement “fonctionnelles”, c’est-à-dire qu’elles visaient à améliorer l’efficacité et la pertinence des recherches – et qu’elles avaient en fait valorisé les efforts de recherche. La majeure partie des projets étudiés mettaient aussi l’accent sur la sensibilisation des agriculteurs, ce qui est compréhensible si nous pensons que le facteur restrictif dans l’échange scientifique-agriculteur est la base de connaissances limitée de ces derniers. Ainsi, dans les situations comme celles des zones marginales et dans l’agriculture à petite échelle, le contact avec de nouveaux génotypes et avec les options de gestion les plus prometteuses serait une première condition pour des interactions efficaces et la mise en œuvre réussie d’approches participatives. pp 590-598
  • Jusqu’à récemment, les approches participatives et conventionnelles de la recherche agricole ont été considérées comme plus ou moins antagonistes. Cet article présente des données issues de trois sous-projets d’un programme de recherche collaboratif thaïlandais et allemand sur “L’utilisation durable et le développement rural des régions montagneuses de l’Asie du Sud-Est”, dans lesquels des éléments participatifs ont été introduits, avec de bons résultats, dans les recherches agricoles conventionnelles comme activités supplémentaires. Dans chacun des trois sous-projets, les coûts de l’étude des connaissances locales ou de l’amélioration de l’expérimentation parmi les agriculteurs consistaient dans les frais liés au personnel local supplémentaire, les coûts d’opportunité du temps des agriculteurs participants et les frais de déplacement. Cependant, ces éléments participatifs des projets de recherche ne constituaient qu’une petite partie de la totalité des coûts. On peut en conclure que la recherche agricole conventionnelle peut être complétée par des éléments participatifs, ce de manière rentable, tout en donnant lieu à des avantages considérables sur le plan de la création de synergies en conjuguant les connaissances scientifiques et locales, en transposant l’échelle des données de niveau micro et en mettant en relief les contraintes subies par les agriculteurs qui affectent l’adoption des technologies. pp 576-589
  • La popularité des approches de recherche participative est largement impulsée par les avantages attendus de la réduction du fossé entre les institutions agronomiques formelles et les communautés agricoles locales, laquelle rendrait la recherche agricole plus pertinente et efficace. Il n’y a toutefois aucune certitude quant au succès futur de cette approche, laquelle s’est principalement fondée sur des projets, au moment de transformer la recherche agricole dans les pays en développement dans le sens d’institutions davantage axées sur l’impact et répondant mieux aux besoins des clients. Les responsables des recherches doivent réfléchir à des stratégies appropriées pour parvenir à une telle transformation institutionnelle, y compris : (1) la planification méticuleuse des processus et interactions sociaux entre les différents acteurs et la documentation de l’effet potentiel de ces processus et interactions sur la réussite ou l’échec; (2) des objectifs clairs, qui influencent les méthodes participatives utilisées ; (3) le chemin clair de l’impact et les hypothèses relatives à l’impact au début, en précisant les résultats, produits, impacts et bénéficiaires prévus ; (4) la bonne disposition à adopter l’apprentissage institutionnel, lorsque la culture et les pratiques existantes peuvent être modifiées ; et (5) l’engagement d’un financement à long terme afin de soutenir le processus d’apprentissage et de changement. pp 564-575
  • Cette étude examine l’impact au sein même des foyers du niébé amélioré à double finalité (NADF) d’un point de vue lié au genre, en termes de productivité et de nourriture, de fourrage et de disponibilité de revenus, impact qui est lié au revenu ainsi placé entre les mains des femmes. Les revenus excédentaires sont importants au moment d’apporter des avantages alimentaires et nutritionnels au foyer, en particulier durant les périodes de risque. Un aspect plus important est le fait que les revenus générés au travers de l’adoption de variétés améliorées de niébé sont entrés dans un domaine largement féminin, dans le cadre duquel les transferts de réserves de revenus ont été effectués entre femmes d’âges différents, ce qui a eu un impact considérable en termes de développement social et économique. Cependant, la technologie a renforcé la séparation des domaines de travail entre les femmes et les hommes. Les technologies futures devraient, dès le début, examiner les dispositions qui existent au sein du cadre culturel local, de manière à se concentrer sur les femmes dans le but d’élargir leur participation à l’agriculture, avec les avantages que cela comporte pour leur famille. pp 551-563
  • La nécessité d’accroître la durabilité agricole a incité le gouvernement indien à promouvoir l’adoption de la gestion intégrée antiravageur (GIA). Une évaluation des systèmes agricoles conventionnels et de GIA basés sur le coton a été menée en Inde (2002–2004). Les agriculteurs responsables des exploitations mettant en œuvre la GIA avaient pris part à une formation écologique basée sur la découverte, connue sous le nom de “champ école paysan” (CEP). Cette évaluation englobait cinq domaines d’impact : (1) l’empreinte écologique et (2) les risques professionnels de la production de coton ; et les effets de l’adoption de la GIA sur (3) la distribution du travail, (4) les pratiques de gestion et (5) les moyens de subsistance. L’analyse a montré qu’un mélange d’approches augmentait la profondeur et la pertinence des conclusions. Les méthodes participatives et conventionnelles se complétaient. L’étude a en outre révélé des impacts différents sur les moyens de subsistance des femmes et des hommes, et sur ceux des agriculteurs riches et pauvres, et a montré que la valeur de l’expérience peut être exprimée également en termes des propres cadres de référence des agriculteurs. Le processus d’évaluation a requis des ressources considérables, ce qui indique qu’il est nécessaire de procéder aux allocations budgétaires appropriées. pp 539-550
  • Le débat sur l’autonomisation englobe un discours plus ancien sur la valeur intrinsèque de l’autonomisation et un discours plus récent sur les avantages instrumentaux de l’autonomisation ; le concept du rôle d’“agents actifs” est utile pour appréhender cette distinction. Dans le développement agricole, les efforts d’autonomisation sont souvent un moyen d’arriver à une fin, considérés comme une forme avancée de participation qui améliorera l’efficacité du projet, avec des taux d’adoption qui favorisent la conformité plutôt que l’autonomisation intrinsèque. Néanmoins, il est possible pour les projets d’améliorer les moyens d’autonomisation intrinsèque – et d’en faciliter le processus. En ce qui concerne le processus, la recherche et la vulgarisation peuvent avoir recours à une approche constructiviste au lieu de celle, comportementaliste, consistant à soutenir les changements sur les plans des connaissances, des comportements et des rapports sociaux. Au moment d’évaluer l’autonomisation, tant les “développeurs” que les “développés” doivent chercher les preuves de ce que les personnes assument le contrôle de leur vie. Les études de cas – comme celle utilisées par le programme indonésien de gestion intégrée antiravageur – contribueront à illustrer le contexte et la chronologie, et les comportements non planifiés sont des indicateurs tout particulièrement utiles. pp 524-538
  • Cet article se base sur des travaux de recherche participatifs sur le développement entrepris dans le district de Soroti, en Ouganda, dans le but d’évaluer l’impact du développement agricole parmi les agriculteurs pauvres. L’argument central est que l’on est parvenu à réduire la pauvreté rurale au moyen d’une combinaison d’autonomisation des agriculteurs et d’innovation parmi eux à travers l’apprentissage expérientiel dans les groupes de “champs écoles paysans” (Farmer Field School en anglais), de changements dans la structure des possibilités à travers la transformation du personnel gouvernemental local, de l’établissement de nouvelles institutions locales gouvernées par les agriculteurs et de l’apparition d’un prestataire de services privé. Sur la base d’une étude empirique de l’adaptation et de la généralisation réussies des technologies pro-pauvres, cette étude évalue l’impact sur le bien-être du développement technologique agricole dans le district de Soroti. Cette étude conclut que la généralisation basée sur le marché des technologies pro-pauvres requiert un contexte institutionnel qui conjugue l’autonomisation des agriculteurs et un contexte de politiques générales porteur. pp 506-523
  • Cet article fait l’historique de la recherche participative agricole, principalement d’après l’expérience personnelle de l’auteur. La recherche participative dans les années 70 était surtout menée par des scientifiques disciplinaires et se caractérisait par des activités novatrices et des débats universitaires ouverts, avec une mesure de reconnaissance du fait que les politiques générales relatives au développement et les pratiques en résultant étaient un processus politique. Durant les années 80, le projecteur s’est tourné vers l’apprentissage à partir des expériences passées et un courant dominant participatif s’est développé, en quête de méthodes de transposition d’échelle. Entre-temps, d’autres ont cherché à comprendre et à influencer les changements institutionnels et de politiques générales dans leurs contextes politiques et culturels respectifs et à garder ouverts les débats universitaires. L’auteur considère que les années 90 ont été des “années perdues”, durant lesquelles les praticiens participatifs du courant dominant sont devenus des généralistes du développement repliés sur eux-mêmes, moins intéressés par la possibilité d’apprendre des autres à l’extérieur de leur paradigme. La fin de la première décennie du 21ème siècle donne l’occasion de reconnaître à nouveau le caractère fondamental politique et culturel de la science et de la technologie, de réintroduire des disciplines robustes et de base large et de tirer les enseignements des activités passées qui ont donné lieu à des résultats de développement positifs (planifiés ou pas). pp 489-505
  • Cet article examine, en se référant aux documents publiés, à quelques questions clés relatives à la recherche participative. Dans quels cas convient-il d’utiliser la recherche participative ? Comment la recherche participative doit-elle être appliquée ? Qu’en est-il de la qualité de la science dans la recherche participative ? Y a-t-il des questions institutionnelles associées à l’utilisation de la recherche participative ? Et quels sont les avantages et les coûts de la recherche participative ? Cet article n’est pas une revue documentaire exhaustive sur la recherche participative, son but n’est pas d’établir des normes pour la recherche participative, ni de définir ce qui constitue une “bonne” recherche participative ; il cherche plutôt à résumer les réalités de la mise en œuvre de la recherche participative, telle que discutée et débattue par plusieurs auteurs publiés, et à fournir une toile de fond utile pour ce numéro spécial. pp 479-488
  • Les approches de recherche participative sont de plus en plus populaires parmi les scientifiques qui œuvrent pour l’atténuation de la pauvreté, le développement rural durable et les changements sociaux. Cette introduction offre une vue d’ensemble du numéro spécial de Development in Practice consacré au thème “opérationnaliser l’analyse selon le genre et la recherche participatives”. L’objet de ce numéro spécial est d’étoffer le débat portant sur les questions méthodologiques, pratiques, philosophiques, politiques et institutionnelles qui interviennent dans l’utilisation de méthodes participatives sensibles au genre. Sur la base de 16 articles, nous positionnons certains des principaux débats, questions et expériences empiriques dans le contexte de la mise en œuvre, de l’évaluation et de l’institutionnalisation des approches de recherche et d’évaluation participatives. pp 467-478
  • In English only
  • Au moment de tenter de reconstruire des États en échec post-conflit, la communauté internationale s’est beaucoup servi des paradigmes de développement néolibéraux. Cependant, l’approche néolibérale de la construction d’États s’est avérée inefficace au moment de stimuler le développement économique dans les États post-conflit et a nui aux perspectives de consolidation des États. Cet article propose l’État “développemental” comme modèle alternatif pour la construction internationale d’États, un modèle qui permet de mieux relever les défis auxquels se heurtent les États post-conflit. En se basant sur l’expérience d’Asie de l’est, la construction d’États “développementaux” chercherait à renforcer l’aptitude des États à intervenir dans l’économie afin d’orienter le développement, compensant ainsi le fait que la croissance menée par le secteur privé dans de nombreux États post-conflit ne s’est pas matérialisée. Cet article conclut qu’en premier lieu, une telle approche exigerait de la communauté internationale qu’elle accepte plus honnêtement ses responsabilités développementales lorsqu’elle décide d’intervenir dans la reconstruction d’États en échec. pp307-318
  • Dans cette ère naissante “post-Consensus de Washington”, le néolibéralisme est en quête d’autres options possibles qui remettent l’accent sur l’État. Or ni la dependencia latino-américaine ni le développementalisme de l’Asie de l’est – deux modèles de développement concrètement mis en œuvre “sur le terrain” – ne partagent les suppositions fondamentales de l’État rationaliste libéral. En premier lieu, il continue d’exister un clivage ontologique considérable concernant la finalité de l’État. Les développementalistes et les dépendantistes préconisent une action profonde et dynamique de la part de l’État au lieu du rôle non interventionniste libéral de l’État “gardien de nuit”. En deuxième lieu, la théorie du développement a évolué dans un cadre libéral moderne caractérisé par la science, la démocratie, les intérêts de la politique étrangère des États-Unis et, de plus en plus, par un engagement à atténuer la pauvreté. La dépendance et le développementalisme rejettent ces références néolibérales dans l’intérêt de la consolidation et de l’autonomie de l’État. La persistance des manières dépendantiste et développementaliste d’appréhender l’État exclut un retour vers l’État post-néolibéral et uniforme de la théorie du développement. pp319-332
  • Cet article propose des stratégies pour l’autonomisation des femmes dans les environnements conservateurs, tribaux et religieux, sur la base d’un programme novateur mené au Pakistan. Mainstreaming Gender and Development (MGD) a encouragé les participants à développer les forces de leurs communautés respectives, a minimisé la résistance parmi les familles et les communautés en les incluant dans le processus de développement et est parvenu à établir un cadre d’activistes de sexe féminin. En s’inspirant de cette expérience, l’auteur met en question l’importance de l’action collective, suggère que la sélection des participants devrait se baser sur les aptitudes et non le statut socio-économique et met en relief le potentiel d’autonomisation des femmes dans les environnements difficiles. pp333-344
  • Les théoriciens et les praticiens du développement voient de plus en plus les ONG comme des catalyseurs du développement durable. Les ONG sont considérées comme des défenseurs de la démocratisation et des agents de promotion de nouvelles manières d’intervenir dans la politique et elles exercent une influence considérable sur le développement de la société civile et de nouveaux partenariats dans le domaine du plaidoyer environnemental et social. Cet article analyse les façons dont les ONG environnementales (ONGE) costaricaines interviennent dans la politique, en se concentrant sur leurs perceptions de leurs propres rôles dans la gouvernance environnementale et dans la représentation de la société civile. Les résultats de cette étude suggèrent que les façons dont les ONGE interviennent dans la politique ne sont pas très différentes des formes traditionnelles de gouvernance, tandis que leurs conceptions de l’intervention dans la politique sans être politiques sont originales. Bien que la plupart des ONGE n’aient pas une conception claire des parties prenantes qu’elles sont censées représenter, la notion de représentativité est complexe et doit être réexaminée. pp345-356
  • Cet article traite de l’histoire et de l’évolution des volontaires et des agences de volontaires internationaux comme réponse non seulement aux symptômes mais aussi aux causes de la pauvreté et de l’inégalité de par le monde. Il se penche sur la manière de définir les volontaires internationaux, sur ce qui rend leur rôle différent d’autres formes de coopération internationale pour le développement (en particulier leur contribution au développement des capacités), ainsi que sur les aspects positifs et négatifs qui peuvent accompagner ces différences. Il comporte également une réflexion sur l’adéquation des volontaires internationaux comme contributeurs durant la transition vers une situation plus durable sur le plan écologique au niveau mondial, en présentant quelques manières de voir recueillies auprès de volontaires et d’autres parties prenantes. pp357-370
  • Cet article se penche sur les efforts réalisés en vue de relier les recherches pluridisciplinaires et l’intervention politique afin de s’attaquer à la pauvreté infantile dans les contextes des pays en développement, sur la base des expériences de Young Lives, un projet international de recherche politique longitudinale. Il se concentre sur une étude de cas faisant intervenir l’application de données se dégageant de recherches sur la pauvreté infantile afin d’influencer les débats politiques concernant le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) deuxième génération (2006-2010) de l’Éthiopie. La discussion se situe dans les documents théoriques sur l’interface entre les connaissances, les politiques et les pratiques, qui soutiennent la conceptualisation de l’élaboration des politiques comme un processus dynamique non linéaire. Elle accorde une attention particulière à l’importance de comprendre les contextes politiques et de formulation des politiques des pays de l’hémisphère Sud, au lieu de supposer qu’ils devraient se contenter d’importer des modèles de plaidoyer inspirés du Nord. Elle se conclut par l’identification d’enseignements généraux pour traduire les recherches en changements de politiques sociales. pp371-384
  • Bien qu’il soit internationalement convenu que les pires formes du travail des enfants doivent être éliminées afin de favoriser le bien-être des enfants, le consensus disparaît lorsqu’il s’agit de tenter de définir ce qui constitue le “travail léger”. Cet article se propose de montrer pourquoi il est difficile d’obtenir le consensus de tout le monde sur cette question, en se concentrant sur la définition du travail des enfants proposée par l’Organisation internationale du travail (OIT). pp385-394
  • La gouvernance post-conflit est un aspect de plus en plus important de l’assistance étrangère au développement en Afrique sub-saharienne (ASS), où l’affaiblissement et la désintégration de l’État minent le développement humain durable. Un défi de taille dans la reconstruction post-conflit en ASS concerne l’incorporation de structures non étatales subnationales et d’institutions informelles dans le dispositif de gouvernance post-conflit. Afin de combler cette lacune apparente dans la construction d’une paix durable, il est nécessaire de mener des recherches théoriques et empiriques supplémentaires sur le(s) rôle(s) et la (ou les) contribution(s) nuancés de l’État post-conflit dans la reconstitution de la gouvernance et la réhabilitation des communautés. Cet article traite du Consensus post-Washington (CPW), une approche de développement naissante qui cherche à réintroduire le rôle de l’État dans les études de développement et post-conflit. La proposition centrale de l’article est que, contrairement à la prémisse anti-État du Consensus de Washington, les États, les structures non étatales et les institutions informelles jouent un rôle important au moment de cultiver la réconciliation internationale, l’interpénétration et l’intégration entre les structures gouvernementales au niveau macro et les institutions sociales subnationales. pp395-402
  • Le monde se trouve à un stade crucial ; en effet, l’humanité se penche attentivement sur la manière dont nos propres activités contribuent aux changements sur la Terre et dans l’atmosphère. Les défis formidables en présence supposent que soient soulevées des questions fondamentales et que l’on apprenne de sources inattendues. En s’inspirant de recherches sur le terrain menées dans la Ceinture de cuivre de la Zambie, cet article examine la façon dont des conversations publiques concernant des vues différentes de la réalité peuvent influencer la réflexion liée au développement sur l’environnement. Cet article énumère des exemples pratiques où des mots et des images ont à la fois transmis et façonné des points de vue contradictoires dans le contexte de la mine industrielle et il affirme également que l’on peut beaucoup apprendre des points de vue expérientiels des mineurs souterrains. L’élaboration des politiques générales ferait peut-être bien, par exemple, de diminuer sa dépendance d’idées économiques dominantes et de s’inspirer de plus en plus des manières de voir historiques, culturelles, philosophiques et théologiques au moment de concevoir des politiques, des projets et des procédures. Les questions de pouvoir, de contrôle et de l’auto-conception de l’humanité par rapport au monde physique sont également examinées. pp403-411
  • Les planificatrices en Afrique ne constituent pas une masse critique : leur nombre reste négligeable et les résultats de leur travail peu reconnus, tandis que les mentors et les modèles tendent à être des hommes. Les expériences des femmes sont sous-estimées et leurs connaissances sont souvent exclues lors de la formulation des politiques générales, de la planification des projets et de la mise en œuvre. Cet article émane non de travaux de recherche universitaire systématiques, mais de recherches pilotes confessionnelles et réfléchies, basées sur des expériences personnelles et les expériences relatées par 25 planificatrices entre 1999 et 2004. Il cherche délibérément à briser la monotonie qui survient lorsque l’on s’inspire de résultats d’études, qui sont souvent détachés des rencontres expérientielles et émotionnelles. En utilisant des anecdotes du Kenya, du Nigeria, d’Afrique du Sud, d’Ouganda et du Zimbabwe, il examine le contexte de formation et professionnel de la planificatrice et traite des émotions, des attentes et des expériences des planificatrices dans le cadre des rencontres quotidiennes. pp412-419
  • Bien qu’il y en ait moins que prévu, il y a tout de même des ressources disponibles pour des interventions simples et peu coûteuses qui peuvent accélérer les progrès dans le sens de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. La gestion basée sur les résultats a constitué la clé dans le sens de l’accès accru à l’éducation et aux soins de santé, mais elle n’apporte guère de changement aux conditions politiques, sociales et économiques qui rendent les gens pauvres. À moins d’arriver à un meilleur équilibre entre le désir d’obtenir un impact mesurable, les investissements dans des mesures d’éradication de la pauvreté à long terme et la création d’un espace permettant aux pauvres de discuter et de développer des stratégies pour l’obtention de l’égalité et de la justice sociale, il sera plus difficile de reléguer la pauvreté aux oubliettes de l’Histoire que ce que croient bien des personnes. pp420-423
  • Bien que l’intervention lors de catastrophes fasse souvent l’objet d’une attention très marquée, la préparation aux catastrophes et l’atténuation de leurs effets commencent à susciter l’attention accrue qu’elles méritent. Cet article traite de l’état de préparation en Indonésie et se divise en trois sections. En premier lieu, il examine les risques présents dans le pays, comme le conflit, les tremblements de terre et les tsunamis. En deuxième lieu, il se penche sur certains des efforts entrepris par le gouvernement et la communauté internationale. Enfin, l’article affirme que le processus de préparation aux catastrophes n’est pas encore terminé. Les principaux défis continuent d’être : l’amélioration de la coordination entre différentes organisations, la création d’une culture de gestion des risques de catastrophe, la mise en œuvre de méthodes appropriées et le maintien d’un élan sur cette question à l’avenir. pp424-429
  • Le développement donne lieu à des changements dans la vie des personnes et dans leurs manières de comprendre et de gérer leur monde. Il est possible de faire la distinction entre deux types d’intervention de développement : a) les améliorations de la situation externe, principalement par le biais de la fourniture de biens publics et b) le renforcement des capacités intérieures des personnes, une entreprise qui dépend de processus cognitifs. Cet article relie des concepts de base de la théorie cognitive et des pratiques de développement et propose des voies possibles pour la réalisation de recherches supplémentaires afin d’étudier la manière dont les personnes développent leurs capacités et afin de trouver des façons de soutenir ces processus. Si le changement cognitif comme facteur clé était mieux compris, la durabilité des projets de développement pourrait connaître de véritables améliorations. pp430-436
  • Cet article rend compte d’une étude visant à examiner les facteurs et les motivations qui contribuent à la participation de volontaires communautaires à un projet d’alimentation dans une école maternelle au malawi. Des entretiens semi-structurés ont été menés avec des volontaires communautaires dans 15 des 32 sites du programme. Les conclusions indiquent un mélange de motivations intrinsèques, notamment un souci profond à l’égard des orphelins et des enfants vulnérables, une obligation morale d’aider et un amour déclaré du travail entrepris, ainsi que des facteurs externes comme la spiritualité, les liens de réciprocité et la construction d’un capital social. Il est crucial de comprendre ce qui motive des volontaires à participer dans des contextes pauvres en ressources pour reconnaître, faciliter et soutenir le travail qu’ils effectuent. Il y a un besoin pressant de recherches supplémentaires sur le travail volontaire dans l’hémisphère Sud. pp437-445
  • L’essor de l’industrie de la construction en Afrique du Sud a attiré l’attention sur la nécessité de développer les compétences. Cet article rend compte d’une évaluation du programme de formation “People at the Gate” lancé par Group Five dans les provinces de Gauteng et Mpumalanga. Ce programme vise à autonomiser les membres des communautés locales dans les zones où fonctionne la société. C’est un programme destiné aux femmes et aux hommes qui viennent sur les sites de la société en quête de travail et qui ne peuvent pas être embauchés à cause de leur manque de compétences. Cette étude a évalué les difficultés que les participants à la formation rencontrent durant et après le projet, les emplois qui sont créés et les compétences les plus nécessaires dans différents métiers et provinces. pp446-449
  • In English Only pp161-163
  • Les gouvernements des pays en développement ont besoin de programmes efficaces pour faire progresser les politiques publiques et améliorer le bien-être social. Les ONG sont souvent dotées de programmes et de résultats de recherches qui ont été mis à l’épreuve et sont susceptibles de satisfaire ce besoin, mais il est souvent difficile de transposer l’échelle des programmes pilotes et les efforts en vue de le faire se soldent souvent par un échec. Cet article présente un cas de transposition d’échelle réussie pour un programme de santé sexuelle et de compétences psychosociales parmi les adolescents mené au Mexique par le biais d’un partenariat ONG-gouvernement faisant intervenir IMIFAP, une ONG mexicaine. Ce cas illustre la manière dont une ONG peut créer un partenariat fructueux avec le gouvernement en vue de transposer l’échelle de programmes efficaces, de manière à satisfaire les besoins clés de la population cible tout en protégeant les valeurs centrales de l’ONG. pp164-175
  • Le VIH menace la survie de nombreuses organisations de la société civile (OSC) en Afrique. Bien que nous connaissions la gamme de coûts que le virus peut supposer pour ces groupes, il nous manque un tableau détaillé de la mesure de cet impact. Cet article met en relief des conclusions importantes issues de recherches exploratoires menées au Malawi. Les personnes interrogées estimaient que les performances globales dans les quatre OSC examinées avaient chuté de 20 pour cent en moyenne parce qu’elles travaillaient dans un contexte de prévalence VIH importante. Or la réaction des OSC face à cette menace reste très limitée et elles continuent d’être extrêmement vulnérables face aux effets futurs. Nous tentons de répondre à la question de savoir pourquoi les OSC n’ont pas été plus proactives et recommandons que les politiques des bailleurs de fonds aident les partenaires à réagir à l’épidémie et leur permettent de rester efficaces. pp176-189
  • Cet article analyse l’intervention humanitaire internationale suite au tremblement de terre survenu à Jogjakarta, en Indonésie, en mai 2006. Il la compare par ailleurs à une initiative locale de petite envergure mais qui a donné de très bons résultats. Il identifie des faiblesses inhérentes dans le système international et présente les arguments en faveur de la possibilité de transposer l’échelle des enseignements tirés de l’exemple local. pp190-200
  • La pratique du développement est façonnée par les théories relatives au changement, mais ces dernières ne sont pas toujours formulées de manière explicite par les personnes et les organisations. Les praticiens peuvent ne pas avoir conscience de la mesure dans laquelle les choix et les débats stratégiques sont influencés par des réflexions disparates sur la manière dont les événements historiques surviennent et sur le rôle d’interventions résolues en vue de l’obtention de changements sociaux progressistes. Au cours des quelques dernières années, quelques membres du personnel d’Oxfam GB ont créé des processus pour pouvoir débattre leurs théories sur le changement, dans le cadre d’un effort visant à améliorer la pratique. C’est dans ce contexte que les auteurs de cet article présentent quatre ensembles d’idées sur le changement, avec une discussion sur la manière dont ils ont été exploités dans deux situations, ainsi que certains des défis qui ont découlé de ce processus. En débattant explicitement les théories sur le changement, les processus organisationnels de prise de décisions peuvent avoir lieu en meilleure connaissance de cause et les choix stratégiques peuvent s’avérer plus transparents. pp201-212
  • Les ONG des pays asiatiques connaissent souvent des fluctuations au niveau de leur financement du fait des priorités en changement constant de leurs bailleurs de fonds internationaux. Dépourvues de sources nationales, les ONG se voient obligées de réaligner leurs priorités sur les intérêts des bailleurs de fonds afin de se donner les meilleures chances au moment d’obtenir le financement. Dans le cas des ONG de plaidoyer, l’asymétrie qui en résulte au niveau des rapports bailleurs de fonds-bénéficiaires entraîne souvent pour l’ONG une crise de légitimité et la détérioration de son efficacité. Du fait de la nature politique du travail de plaidoyer, ces ONG doivent maintenir une réputation d’indépendance et de légitimité si elles veulent exercer une influence sur le processus politique. Cet article analyse l’impact de l’assistance en fluctuation apportée par les bailleurs de fonds internationaux aux ONG de plaidoyer au Cambodge, aux Philippines et en Thaïlande et propose des recommandations aux bailleurs de fonds. Bien que ces derniers aient consacré une quantité considérable de ressources au renforcement de la capacité des ONG de plaidoyer en Asie du sud-est, les tendances du financement viennent souvent miner l’efficacité de leurs bénéficiaires bien avant que ce financement ne touche à sa fin. pp213-222
  • Cet article entreprend une réévaluation critique d’un projet financé par le DFID en Afrique du Sud qui a duré de 1998 à 2001. L’évaluation a tenté de déterminer si le développement d’indicateurs impulsé par la communauté améliorerait la gouvernance. Depuis la fin du projet, une série d’articles ont été publiés qui critiquent ces méthodes participatives et soutiennent en particulier qu’elles sont apolitiques et suivent une approche technocratique. À la lumière de ces critiques, cet article réévalue le projet du DFID, reprenant le fil de l’évaluation initiale menée par l’auteur en 2001. Sobantu, un township noir de Pietermaritzburg, était l’un des sites initiaux du projet. Nous l’avons choisi comme sujet de nos recherches parce que l’agence locale chargée de la mise en œuvre était une institution politiquement intelligente, bien connectée et qui comprenait la nature politique du processus requis pour mettre au point les indicateurs. Bien que le projet ait obtenu quelques résultats positifs, l’engagement à long terme en faveur des indicateurs a été depuis compromis, ce en grande partie du fait de l’inaptitude des membres de la communauté à établir un dialogue utile avec les prestataires de services municipaux clés. Cependant, des changements récents apportés au régime de planification sud-africain pourraient donner des occasions de redonner une plus grande utilité à ces indicateurs. pp223-234
  • Cet article examine l’interaction entre les processus d’élaboration de la théorie du développement et la pratique du développement et soutient que la théorie doit partir de la pratique – et ne devrait pas être un processus descendant, qui débute par le “regard extérieur” d’un universitaire ou décideur soi-disant détaché. Les questions posées attirent l’attention sur des critiques des discours courants du développement et sur les notions d’innovation au moyen de la diffusion de nouvelles technologies. Les auteurs suggèrent que les suppositions gravées dans les processus courants du développement aboutissent à un accès inégal aux marchés mondiaux et locaux et que, lorsqu’elles sont imposées par l’extérieur sans que le contexte ne soit véritablement compris, le projet de développement est voué à l’échec. Les paramètres pour l’évaluation initiale et finale des résultats doivent également se baser sur une compréhension minutieuse du contexte – et ceci vient souvent au travers de la participation active en son sein et non en étant “détaché” et à l’extérieur de ce contexte. La supposition selon laquelle un regard extérieur est “objectif” se base sur un discours colonial implicite, tandis que la construction de la théorie en participant à la pratique produit de meilleures méthodologies pour l’action et le développement. pp235-244
  • Tandis qu’elles abandonnent les interventions visant à répondre aux besoins et aux exigences pour adopter plutôt une approche davantage basée sur les droits, certaines ONG françaises repensent tant leurs domaines d’intervention que leurs manières de travailler. L’“autonomisation” est devenue un concept clé dans ce contexte en mutation, bien qu’il soit parfois difficile de savoir quelle est la meilleure manière de l’appliquer et de comprendre ce qu’elle signifie vraiment dans un contexte d’ONG. Cet article partage quelques réflexions sur l’autonomisation, en analysant son “objet” (les individus, les organisations, les réseaux ou les mouvements) et le “processus” par lequel elle est menée à bien. L’auteur s’inspire de sa propre expérience et d’une brève revue documentaire et illustre l’article au moyen des exemples du mouvement international pour les handicapés et de celui des homosexuels aux États-Unis. pp245-257
  • Cet article traite des connaissances et des pratiques en matière de planification familiale au sein de la population tribale du sud du Gujarat. Les auteurs examinent les raisons pour lesquelles diverses méthodes modernes de contraception soit sont abandonnées soit ne sont pas utilisées par les membres de la population tribale et établissent le contraste avec les pratiques au sein de la population urbaine. Ils se penchent sur le rôle des femmes, des membres de la famille, des leaders locaux et de la communication efficace, ainsi que sur celui des ONG et du secteur privé, et font des recommandations pour accroître l’accès aux diverses méthodes de planning familial et leur utilisation par la population tribale. pp258-266
  • Les approches traditionnelles de la lutte contre la pauvreté ont donné des résultats peu satisfaisants dans certains pays africains et ont été carrément préjudiciables dans d’autres. La croissance économique et les dépenses sociales par les gouvernements nationaux et les bailleurs de fonds internationaux se sont avérées inefficaces dans certains pays, tandis que dans d’autres elles n’ont fait qu’exacerber la pauvreté. L’auteur estime que ceci est dû à l’absence de gouvernance participative. D’un point de vue théorique, le soutien en faveur de la gouvernance participative a son origine dans l’approche préconisée par Amartya Sen pour comprendre la pauvreté, une approche qui conceptualise la pauvreté comme un manque de capacités qui aboutit à l’exclusion sociale. L’absence d’une gouvernance de ce type a entraîné l’échec des approches traditionnelles dans la lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne. Enfin, l’auteur propose un outil pour évaluer la qualité de la gouvernance et la manière de l’appliquer au Cameroun. pp267-272
  • Étant donnée la croissance démographique rapide et les ressources limitées, la redevabilité a acquis une importance accrue, en particulier dans le domaine de la gestion publique. Pour évaluer l’efficacité des dépenses publiques en matière d’éducation aux Caraïbes, cet article compare les performances dans cinq pays caribéens, en se penchant sur des indicateurs d’intrants, comme le rapport enseignants/élèves, les dépenses par élève, le nombre d’enseignants ayant suivi une formation adéquate comme pourcentage du personnel enseignant total et l’engagement public par rapport à l’éducation. Il analyse leur impact sur les indicateurs d’extrants, dont les performances en anglais et en mathématiques, le taux de redoublement et le taux de “survie” jusqu’à la dernière année scolaire. L’article conclut que les niveaux d’efficience pour ce qui est du développement du capital humain aux Caraïbes sont très inégaux et que ce sont des défis sérieux que devront relever les pays caribéens tandis qu’ils cherchent à optimiser les résultats de leurs investissements dans l’éducation. pp273-279
  • Par rapport aux opinions passées qui créaient des divisions, c’est la réflexion intégrative qui en est récemment venue à caractériser le débat méthodologique sur la pauvreté. “Qualitatif contre quantitatif” a cédé le pas à “qual-quant” ; la “transdisciplinarité” a remplacé “l’économie contre l’anthropologie”. Cet article tente d’examiner ces changements. Il commence par une vue d’ensemble historique de l’approche purement économique de la pauvreté et de sa critique. La critique, émanant tant de l’intérieur de la discipline de l’économie que des disciplines participatives et anthropologiques, est examinée, puis les tendances récentes sont considérées. L’approche actuelle “qual-quant” est illustrée par des exemples et l’auteur conclut que l’on pourrait bien assister à l’avenir à la naissance d’une approche "participative qual-quant". pp 280-288
  • Les valeurs sont un thème important dans les discussions au sein des ONG internationales (ONGI), car elles contribuent à créer les conditions propices à la solidarité parmi les membres du personnel. Mais dans le même temps, elles sont fréquemment une source de démoralisation et de conflits destructeurs. Ceci est dû au fait que les perceptions courantes des valeurs comme instruments de gestion ou comme éléments d’un vague tout mystique rendent les rapports de pouvoir entre les membres du personnel et les cadres impossibles à discuter. Il n’est pas nécessaire d’envisager les valeurs comme un instrument de gestion et elles se trouvent au-dessus de toute idéalisation. Une théorie alternative des valeurs est qu’elles sont des phénomènes émergents et intensément sociaux qui surgissent au quotidien entre des personnes engagées dans une entreprise collective. Le conflit est inévitable, mais l’étude de la nature de ce conflit dans la pratique quotidienne est la seule façon de veiller à ce que la discussion portant sur les valeurs soit un processus énergisant. pp 5-16
  • Cet article, basé sur une étude multiméthodique de deux ans du “développement” dans une petite communauté du Manitoba rural, au Canada, examine la manière dont la communauté d’une part et les raisons pour lesquelles les personnes choisissent de vivre à cet endroit d’autre part ont changé tout en restant constantes depuis le début de la colonisation de cette zone par des immigrants ukrainiens à la fin du dix-neuvième siècle. Cette communauté présente de nombreux points communs avec les zones marginalisées de l’hémisphère Sud, de par le traitement qu’elle a subi aux mains de ceux situés au centre et de ceux qui favorisent le “développement”. L’auteur soutient que le concept de “placemaking” (revitalisation) permet à la fois de mieux comprendre la dynamique au sein de la communauté et donne plus de possibilités de construire des lieux durables et habitables que le concept ou la pratique du “développement”. pp 17-29
  • Only in English
  • Les auteurs de cet article tentent d’examiner l’un des échecs les mieux connus du développement communautaire au Royaume-Uni – le Barrowfield Project de Glasgow (1986–1996) – et de le comparer à d’autres tentatives de développement communautaire (en soulignant les contrastes entre celles-ci et le projet Barrowfield), en particulier certaines associées aux travaux de Mohammad Yunus et de la Grameen Bank, ainsi que l’héritage de Paulo Freire. Nous concluons que tant Freire que Yunus font des suppositions sur la préexistence d’une communauté qui limitent l’impact potentiel de leurs idées dans un endroit comme Barrowfield, où l’anomie et l’apathie étaient monnaie courante. Nous constatons en outre que, tout comme des actions censées être libératrices peuvent renforcer l’hégémonie dominante, l’inverse peut à l’occasion se produire. Ces dernières années, le Barrowfield Project a trouvé un second souffle et il faut donc examiner les travaux actuels dans ce contexte. pp 30-39
  • Pour les besoins de la redevabilité et de l’uniformité et comme moyen de donner une idée de leur capital intellectuel relatif aux pratiques de développement, les ONG d’Afrique australe sont priées par les organismes bailleurs de fonds de décrire leurs activités prévues en termes très clairs et non ambigus. Ces exigences peuvent inclure l’expression d’approches théoriques, l’élaboration de cadres logiques, des objectifs clairs, des indicateurs du succès, des critères de développement durable et leurs relations avec les politiques gouvernementales. Cependant, l’interface entre la réalité et ces mesures et outils de planification, le plus souvent élaborés sans l’intervention ni les contributions des communautés qu’ils sont censés servir, donne lieu à un tableau beaucoup plus confus, dynamique et compliqué du processus de développement. Néanmoins, les ONG doivent encore rendre des comptes par rapport à leur proposition et à leur planification originales. L’auteur présente des exemples de ce phénomène et discute des défis auxquels se confronte un évaluateur au moment de gérer les principes contradictoires de redevabilité, d’autonomie et d’authenticité. pp 40-52
  • En 1993, la Banque mondiale a apporté son assistance au ministère de l’Eau et de l’irrigation en Jordanie pour actualiser un bilan du secteur de l’eau et a ainsi lancé le processus de la participation du secteur privé (PSP) à la prestation des services afin d’améliorer l’efficacité du secteur de l’eau et des services des eaux usées. Dans cet article, la privatisation de l’eau et des services relatifs aux eaux usées est examinée depuis le point de vue des parties prenantes (intrants) et des consommateurs (extrants). Le but en est d’évaluer les changements qui ont eu lieu à ce jour par rapport aux principes de bonne gouvernance. Les résultats d’entretiens avec les parties prenantes et émanant des questionnaires de consommateurs montrent que le processus de privatisation n’affiche, à ce jour, que de rares signes de “bonne” gouvernance. Malgré l’éventail de parties prenantes impliquées, l’État reste chargé de concevoir une approche de bonne gouvernance qui réponde aux préoccupations et aux intérêts de toutes les parties prenantes. pp53-65
  • Comment passer de l’identification des principes éthiques à l’amélioration des pratiques en matière de développement ? Comment les bailleurs de fonds et les ONG peuvent-ils aller au-delà de la présentation de rapports sur les résultats techniques et passer à l’examen d’aspects moins tangibles de leurs projets de santé : contributions au rétablissement de la confiance, promotion de la cohésion sociale et amélioration de la bonne gouvernance au niveau communautaire ? Cet article traite de ces questions par rapport aux activités de santé et de construction de la paix dans des contextes de conflits. Il décrit les difficultés auxquelles se heurtent les praticiens et les bailleurs de fonds qui cherchent à entreprendre des travaux de santé et de construction de la paix et se concentre tout particulièrement sur le manque d’outils appropriés pour les projets de tri, de suivi et d’évaluation. Il comporte une critique du cadre logique et l’examine parallèlement à un nouvel outil, le Health and Peace Building Filter (Filtre santé et construction de la paix), qui a été conçu pour réfléchir à la conception et à la mise en œuvre de programmes de santé dans des contextes fragiles ou de conflits. Les auteurs soutiennent que les outils de ce type peuvent nous aider à aller au-delà d’une simple concentration sur les intrants et les extrants pour examiner les processus, les relations et les conséquences indirectes des programmes d’aide. pp 66-81
  • L’enthousiasme suscité par la société civile qui surgit vers la fin des années 80 et durant les années 90 suite à l’effondrement du Mur de Berlin et la progression des régimes démocratiques a été remplacé, au cours des quelques dernières années, par une réaction brutale contre la société civile à de nombreux niveaux et sur de nombreux fronts. Ce phénomène s’est tout particulièrement intensifié depuis les attaques du 11 septembre 2001 et la guerre contre le terrorisme qui leur a succédé. Cet article examine les causes de cette réaction brutale dans le contexte de la “longue guerre contre le terrorisme”, décrit les manifestations déclarées et implicites de cette réaction et réfléchit aux implications pour l’avenir. Il considère la manière dont l’importance croissante des préoccupations concernant la sécurité et l’expansion concomitante des mesures de lutte contre le terrorisme de par le monde menace les espaces permettant à la société civile de s’épanouir et d’agir. Les auteurs soutiennent que, bien que les manifestations de cette réaction brutale, comme la répression des ONG en Russie et l’apprivoisement des ONG par les organismes bilatéraux et multilatéraux, semblent être des phénomènes disparates et sans rapport entre eux, il est évident, lorsque l’on se penche sur elles de plus près, qu’elles sont étroitement liées. pp 82-93
  • L’intérêt récemment suscité par les versements d’argent effectués par les migrants comme ressource de développement attire l’attention sur une question plus profonde : la relation entre la migration et le développement. Les versements peuvent être une source significative d’entrées économiques pour les pays et les régions pauvres, mais leur impact (positif ou négatif) sur le développement est lié aux processus de migration qui les génèrent. L’attention accordée à la migration crée à son tour une occasion de réfléchir au contexte plus large des politiques générales et des pratiques en matière de développement et de repenser les frontières que nous plaçons autour de nos travaux. pp 94-99
  • Au début de 2007, le gouvernement indonésien a décidé de ne pas remettre ses échantillons du virus de la grippe aviaire aux centres de collaboration de l’OMS, en attendant un nouveau mécanisme mondial de partage des virus qui assurerait de meilleures conditions aux pays en développement. Par la suite, la 60ème Assemblée mondiale de la santé, qui s’est tenue en mai 2007, a pris la résolution d’établir un stock de vaccins contre la grippe aviaire et de formuler des mécanismes pour l’accès équitable à ces vaccins. Cet article demande s’il y a des occasions analogues pour les volontaires d’études ou des donneurs de matériel biologique d’exercer une influence pour favoriser l’équité en matière de santé. pp 100-109
  • Les nouvelles concernant les plans de la Norvège relatifs à la mise en place d’une “chambre forte du jugement dernier” pour les semences dans le permafrost de l’archipel arctique de Svalbard comme une “sauvegarde” pour les banques de gènes conventionnelles sont parvenues à la presse mondiale en 2006. L’idée d’une banque mondiale des semences, aujourd’hui considérée comme une “arche de Noé” pour les semences, avait auparavant été considérée avec suspicion et jugée irréaliste. En 1989/90, le gouvernement norvégien a proposé de construire un dépôt international pour les semences dans le permafrost, mais cette initiative avait été mise sur la touche durant les débats agités entre pays développés et en développement sur l’accès aux ressources phytogénétiques et sur le contrôle de ces ressources. La réalisation du Traité international de la FAO sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (2004) a résolu certaines des questions les plus épineuses et rendu possible le lancement d’une nouvelle initiative norvégienne pour sauvegarder certaines des ressources phytogénétiques les plus importantes du monde pour l’avenir. pp 110-116
  • Les institutions nationales et internationales chargées de formuler les politiques générales ont reconnu la contribution apportée par les ONG au soulagement de la pauvreté, en autonomisant les pauvres et en continuant de soutenir leurs efforts. Au Bangladesh, les ONG travaillent aux niveaux national et local, mais elles sont très rares à travailler avec les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables qui vivent dans les zones fluviales et côtières, connues comme les terres sédimentaires (char). Ces zones se différencient du reste du pays de par leurs structures physique, économique et sociale et elles requièrent une approche différente afin d’aborder l’ensemble unique de problèmes auxquels se confrontent les personnes qui y vivent. En utilisant des programmes expérimentaux et novateurs, un petit nombre d’ONG locales ont commencé à avoir un impact dans une zone où les interventions et les réussites du gouvernement sont rares. pp 117-124
  • Le Patronato de Nutrición a introduit une gamme de 18 technologies agricoles facultatives au sein de la communauté indigène de Chalite, au Panama. Trois de ces technologies ont été adoptées par plus de la moitié des agriculteurs interrogés, tandis que huit autres ont été adoptées par entre 20 et 50 pour cent des agriculteurs. Les agriculteurs étaient plus susceptibles d’adopter les technologies associées aux cultures familières, auparavant encouragées par d’autres groupes, ou bien qui demandaient une main-d’œuvre ou des moyens financiers limités. Cet article montre la vitesse à laquelle les groupes de développement peuvent réduire le nombre de technologies proposées afin d’améliorer l’efficacité de la prestation de services. pp 125-130
  • Cet article traite de deux organisations qui proposent actuellement des assurances maladie privées volontaires en Ouganda et examine leurs contributions au moment de pallier l’insuffisance des services dans le secteur de santé publique du pays. pp 131-135